La santé auditive mondiale

Santé auditive en 2050 : premier rapport mondial de l'OMS en 2021
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À l'occasion de la Journée Mondiale de l'Audition ce 3 mars, l'OMS diffuse son premier rapport mondial sur l'audition.

Actualités - Publié le 03/03/2021 - Mis à jour le 03/03/2021

Résumé

L'Organisation Mondiale de la Santé estime qu'en 2050, une personne sur quatre aura des problèmes d'audition, soit une multiplication de 1,5 du nombre de personnes concernées au cours des trois prochaines décennies. Découvrez les principales leçons et recommandations du rapport.

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L'état de la santé auditive à l'échelle mondiale

Ce premier rapport mondial sur l'audition de l'Organisation Mondiale de la Santé met en lumière la situation actuelle de l'audition dans le Monde et les perspectives et évolutions de la santé auditive et des pertes d'audition d'ici à 2050.

Diffusé à l'occasion de la Journée Mondiale de l'Audition 2021, l'OMS détaille dans ce rapport analytique complet, les causes et conséquences de la perte auditive de points de vues économiques, sanitaires et humains, et dresse des recommandations à destination des parties prenantes du secteur de l'audition et de la santé pour « combattre la perte d'audition ».

Les projections de la surdité dans les décennies à venir

Aujourd'hui, on compte dans le Monde 1 personne sur 5 qui vit avec une surdité. En 2050, ce chiffre passerait à 1 personne sur 4, soit presque 2,5 Milliards de personnes concernées.

On soulèvera premièrement la définition, qu'apporte l'OMS dans son rapport, de la capacité auditive : « La capacité auditive résulte de l'interaction entre les influences négatives (causales) et positives (protectrices) ». En effet, cette définition à elle seule met en évidence comment l'on abîme son audition et à l'opposée, comment la protéger. Car la protection est un des axes primordiaux pour ne pas atteindre les projections chiffrées de l'audition dans les années à venir. Revenons sur celles-ci.

En 2050 :

  • 2,5 milliards de personnes seraient concernées par un degré de surdité.
  • 700 millions de ces personnes auront besoin de soins auditifs précis et/ou de réadaptation.
  • En région africaine (de l'OMS), 337 millions de personnes seront concernées par des pertes auditives, contre 136 de nos jours.
  • Et 236 millions, en région européenne, contre 196 millions aujourd'hui.
  • Plus d'1 milliard de jeunes adultes risquent d'avoir une perte auditive permanente, pourtant évitable.

Les soins de l'oreille et de l'audition n'auront jamais été autant préconisés et l'OMS souligne l'importance d'agir tôt et collectivement en faveur de la santé auditive.

L'altération de l'acuité auditive est causée par de nombreux facteurs

Les risques auditifs, premiers facteur des surdités

Qui que nous soyons, nous sommes toutes et tous exposés à des risques auditifs. Ceux-ci endommagent nos cellules ciliées (qui nous permettent d'entendre) et c'est ainsi que notre audition diminue (la perte auditive est calculée en décibels).

Cinq grandes causes sont définies dans le rapport :

  1. L'exposition au bruit et aux sons forts.
  2. Des complications à la naissance.
  3. Les otites moyennes.
  4. Certaines maladies qui peuvent pourtant être évitées grâce à la vaccination (par exemple la méningite).
  5. La prise de médicaments et l'exposition à des produits chimiques ototoxiques.

La prévention ressort elle aussi comme un facteur clé pour lutter et agir contre la perte d'audition.

Les manques de soins et d'informations, autres raisons principales des pertes d'audition

Le rapport met en exergue un accès aux soins inégal, bien que non mesuré, ainsi qu'un manque de connaissances et d'informations sur les problématiques et les enjeux de la santé auditive.

Les soins de l'oreille et de l'audition sont inégaux car, dans certains systèmes de santé nationaux ils ne sont pas intégrés. De plus, des territoires, voire même des pays, ne sont pas suffisamment pourvus de professionnels de santé de l'audition. Dans les pays à faible revenu (zones de l'OMS), 78% ont moins d'un ORL par million d'habitants. Et pourtant, près de 80% des personnes concernées par une surdité vivent dans un pays à faible ou moyen revenu. L'OMS estime qu'il y a 83% de lacunes en services dans le MondeCe manque de ressources humaines est un frein considérable à la prise en charge des maladies et des traitements de l'oreille et de l'audition.

En parallèle, il est soulevé un manque d'informations précises sur les maladies et les troubles auditifs qui justifient, en partie, cette limitation de l'accès aux soins de qualité. L'OMS alerte que, même les personnels soignants, souvent, ne disposent pas des connaissances nécessaire dans les champs de la prévention, du dépistage précoce et de la prise en charge des pertes d'audition.

La perte auditive a de multiples conséquences 

Les surdités ont des impacts pour nos vies mais aussi pour nos pays.

Des répercussions négatives humaines

Non prise et charge et soignée, une perte auditive peut entraîner des difficultés dans le quotidien des personnes concernées :

  • Dans le volet de la communication, des relations sociales, du développement du langage et de la parole chez les enfants.
  • Dans les champs de l'instruction, l'éducation, et de l'emploi.
  • Mais aussi sur la cognition et la santé mentale.

Ces conséquences sur la population concernée ne sont pas sans autres conséquences, d'un point de vue macroécronomique.

Des effets économiques de la perte auditive

Les surdités non traitées sont coûteuses pour les économies du monde entier. Elles coûteraient 980 milliards de dollars par an, soit 814 milliards d'euros (conversion monétaire en 2021), quand on sait que la majeure partie des personnes sourdes ou malentendantes n'ont pas accès aux interventions sanitaires qui leur seraient pourtant nécessaires. 

En outre, l'OMS estime dans son rapport que les traitement et prise en charge plus précoces permettraient a contrario un rendement d'environ 16 dollars pour chaque dollar investi, sur une période de 10 ans. Des investissements supplémentaires sont certes à enclencher, il n'en reste pas moins qu'à long terme, les gains économiques mais surtout sanitaires et humains, seront plus que bénéfiques.

Photo du rapport mondial de l'audition de l'OMS
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Des priorités à suivre pour prévenir et traiter les pertes auditives

L'oreille et l'audition sont un enjeu de santé publique majeure et mondiale. Ce premier rapport de l'OMS va dans ce sens et est la pierre angulaire dans le domaine en fixant des objectifs à atteindre pour lutter collectivement contre la perte d'audition. Il est d'ailleurs à noter que la santé et le bien-être font partie des Objectifs de Développement Durable à atteindre d'ici à 2030 (objectif n°3).

L'OMS appelle ainsi à l'action commune, conjointe de toutes les parties prenantes et présente en ce sens des stratégies et recommandations à suivre.

Définir un cadre de santé publique

« Les soins de l'oreille et de l'audition font partie intégrante de la couverture médicale universelle » annonce l'OMS dans son rapport. Elle invite ainsi chaque pays à agir à tous les niveaux de leur système de santé, sur la base de 3 éléments :

  1. Le dépistage précoce et systématique afin d'identifier de potentielles pertes auditives chez : les nouveaux-nés, les enfants scolarisés, les professionnels exposés au bruit ou produits chimiques, les personnes traitées avec des médicaments ototoxiques et enfin les personnes plus âgées.
  2. L'apport de soins adaptés et de services de soutien : traitements médicaux et/ou chirurgicaux, thérapie de réadaptation auditive, prescription d'aides auditives ou d'implants cochléaires, services de langue des signes, apprentissage de la lecture labiale, solutions technologiques d'asssistance comme le sous-titrage.
  3. Le renforcement des systèmes de santé existants, notamment pour : le dépistage et l'intervention en matière d'audition, la prévention et la prise en charge des maladies de l'oreille, l'accès aux technologies et les services de réhabilitation.

Cette voie à suivre est une approche intégrée, orientée vers les personnes, des soins de l'oreille et de l'audition afin d'élargir l'accès aux services de soins pour couvrir 90% de la population d'ici 2030. Chaque pays doit évaluer et mesurer quelles actions mettre en place et suivre pour répondre le mieux à leurs besoins, par exemple : 

  • "la planification de politiques collaboratives ;
  • le financement durable et la protection de la santé ;
  • la formation et l'enseignement des personnels de l'oreille et de l'audition, le partage des tâches ;
  • la mise à disposition d'informations et de données sur la santé auditive de la population ;
  • l'accès aux technologies auditives de haute qualité ;
  • l'accès à des équipements de diagnostics et chirurgicaux, ainsi qu'aux médicaments ;
  • la recherche pour la mesure d'impact."

Pour ce faire, l'Organisation Mondiale de la Santé a fixé 3 objectifs prioritaires à atteindre :

+20%

de tests de dépistages auditifs des nouveaux-nés

+20%

d'adultes sourds qui utilisent des technologies auditives

-20%

de maladies chroniques de l'oreille et des pertes auditives non traitées chez les enfants entre 5 et 9 ans

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Des acteurs à intégrer dans les processus pour rendre les soins accessibles à toutes et tous

Compte tenu des recommandations émises par l'OMS, notamment concernant les systèmes de santé nationaux, elle s'adresse aux acteurs concernés par ceux-ci, à savoir :

  • Les Ministères de la Santé.
  • Les Organisations internationales et non gouvernementales.
  • Les parties prenantes, comme les groupes professionnels, la société civile et les entités privées.

Pour chacun de ces acteurs, des recommandations et des actions à mener sont proposées afin d'intégrer et de prendre enfin en compte les soins de l'oreille et de l'audition dans les actions de santé publique.

L'on est invité à retenir les principales directions :

  • Élaboration de politiques.
  • Assurer l'éducation et la formation.
  • Promouvoir le partage des tâches entre les employés et les services de télésanté.
  • Inclure les technologies d'aides auditives dans les produits d'assistance produits.
  • Surveiller les indicateurs des soins de l'oreille et de l'audition grâce aux systèmes nationaux d'information sur la santé.
  • Privilégier la recherche.

L'objectif principal étant d'« augmenter de 20% la couverture des services de soins de l'oreille et de l'audition dans le monde entier. »