"Qui ne tente rien n'a rien..."

Témoignage surdités
Accroche

Il faut faire preuve de résilience, aller au bout de sa démarche quitte à se faire mal, ne pas s'arrêter à la première difficulté et foncer.

Témoignages - Publié le 18/12/2023 - Mis à jour le 23/01/2024

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De Sébastien K.

Les témoignages présentés ici sont des expériences personnelles et ne représentent pas nécessairement les positions officielles de la Fondation Pour l'Audition. Chaque personne s'exprime librement afin d'illustrer la pluralité des expériences liées aux surdités.


Je suis sourd d'une oreille et de l'autre, j'ai une perte de plus de 93 décibels. Avec l'âge, je ne perçois quasiment plus les sons aigus.

J'avais expérimenté un amplificateur téléphonique il y a 20 ans, et ça ne m'a pas vraiment servi. Ma surdité est telle que même si vous parlez plus fort, je ne comprendrai pas forcément mieux.

Je pratique la lecture labiale et je peux comprendre mes interlocuteurs s'ils ont une bonne élocution. Je parle absolument de façon normale. Si on ne voit pas ma prothèse auditive, nul ne détecterait ma surdité si je me mets à parler.

Le masque pendant la COVID a été une véritable épreuve pour moi, aller chez les commerçants et leur expliquer que je ne les comprenais pas. Heureusement, les gens en général sont compréhensifs et bien plus patients aujourd'hui.

Ce n'était pas le cas, il y a 35 ou 40 ans. Même les adultes étaient réfractaires à la "différence". J'en ai souffert pendant ma grande jeunesse. Est-ce que cela m'a suffit pour me laisser abattre ? Que nenni !

Je crois que j'ai développé une certaine combativité, une résilience et une persévérance à toute épreuve.

J'ai suivi des cours du soir à 26 ans, tout en travaillant, pour préparer un BTS comptabilité. Je l'ai obtenu en quasiment un an, et pourtant, il y avait un oral d'anglais. On m'avait dit à l'époque que j'étais le seul sourd en Alsace à faire des études supérieures. Je ne sais pas si c'est vrai, mais cela m'a donné des forces supplémentaires.

J'ai poursuivi un Diplôme d'études comptables et financières (DECF) par correspondance, et je l'ai obtenu, non sans mal, mais je l'ai obtenu. Ce n'est pas un diplôme réputé pour être des plus faciles. Il était plus dur à obtenir que le Diplôme de comptabilité et de gestion (DCG).

Aujourd'hui, je suis en couple, j'ai un enfant, un deuxième en cours, j'occupe un poste d'expert technique d'un service comptable, et j'ose espérer obtenir une opportunité professionnelle.

J'attends les résultats de mon Diplôme supérieur de comptabilité et de gestion (DSCG), et j'ai 47 ans, car oui, j'ai repris les études, et malgré toutes les difficultés, j'aime les défis.

Je me suis mis à la course à pied à 32 ans et j'ai terminé 8 marathons, certains dans la souffrance, mais j'ai tenu, et je n'en ai abandonné aucun.

Tout cela pour vous dire que je ne veux pas m'étaler sur mes "réussites" malgré mon handicap, je ne cherche pas à montrer mes "exploits" au monde, mais pour vous dire que TOUT est possible.

Il faut faire preuve de résilience, aller au bout de sa démarche quitte à se faire mal, ne pas s'arrêter à la première difficulté et foncer.

Qui ne tente rien n'a rien et l'échec n'est pas une perte de temps, au contraire, c'est un apprentissage !